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Le deuxième centenaire de la fondation de Sarrelouis (1880)

Aus: Ernest Babelon, Petite histoire de Sarrelouis, Paris 1919, S. 43ff. 
 
 En 1880, la ville de Sarrelouis, sous l'inspiration des vieux Sarrelouisiens, conçut le projet de célébrer le deuxième centenaire de sa fondation. ... L'autorité prussienne, la garnison et les immigrés ne virent pas sans déplaisir organiser cette fête qui, par les souvenirs qu'elle devait rappeler, ne pouvait être qu'une manifestation francophile. Les sentiments bien connus de ceux qui furent les promoteurs, ne laissaient subsister aucun doute sur cette tendance. Mais, n'ayant aucun moxen légal de l'empêcher, en en constatant la popularité, le gouvernement prit le parti de se mettre lui-même à la tête du mouvement, de lui donner un caractère officiel, afin de le faire tourner à son profit et d'en recueillir tout le bénéfice. Cela n'empêcha pas le parti des patriotes d'organiser une fête de charité et d'inviter à y prendre part les colonies de Sarrelouisiens fixées à Metz, à Nancy, à Paris. ... Le maire - en Prusse, ce magistrat est un agent du Gouvernement - arrêta le programme officiel de la fête et en fixa la date au dimanche 8 août 1880 ... Mais la Providence avait décrété que les Prussiens usurpateurs et oppresseurs ne fêteraient pas impunément le centenaire de la ville française de Sarrelouis. [rapport d'un témoin:]

 „Soudain, vers 11 heures et demie, une lueur sinistre, éclairant l'horizon, s'élança de dessous la toiture du clocher de l'église et, en un clin d'oeil, une flamme immense enveloppa l'édifice, depuis la galerie jusqu'au pavillion qui garnissait le sommet. La tour de la vieille église paroissiale était en feu! ... La fête du lendemain était compromise par cette catastrophe; elle n'eut pas lieu, ou plutôt, pour être exact, nous devons dire que si l'on retrancha du programme tout se qui se rapportait aux démonstrations publiques, on maintint le banquet. Par un manque de tact qui froissa au plus haut point les Sarrelouisiens, l'Administration prussienne tint au festin qui avait été commandé d'avance. Inutile d'ajouter qu'il n'y eut à peu près que des fonctionnaires; les Sarrelouisiens s'abstinrent d'y paraître. Le gouverneur de la place, colonel Cramer, porta un toast „à Sa Majesté l'Empereur"; le préfet promit de faire bientôt reconstruire l'église qui sera, dit-il, „un édifice bien plus joli que l'ancien et plus approprié au goût de l'époque"; le colonel von Tschirschwitz but à l'entente cordiale des citoyens et des militaires. ... Quant au maire, il eut l'aplomb de boire à la santé „des invités absents"; puis il proposa d'envoyer un télégramme à l'empereur Guillaume pour protester de l'inaltérable attachement et du profond dévouement des Sarrelouisiens à Sa Majesté. Ce qui fut fait, et l'Empereur remercia." 

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