- Structure politique, centralisme, décentralisation
- Problèmes transfrontaliers et coopération
- Exemples régionaux
- Préambule
- Une croissance démographique ralentie, annonce d'une stagnation ?
- Décentralisation et désindustrialisation
- Transferts de sites et réutilisation des friches industrielles
- L'exemple de la Plaine de France
- Sources et indications bibliographiques
- Paris, ville mondiale dans le contexte européen
- De la Goutte d'Or aux Villes Nouvelles - le développement urbain parisien en tant que moteur des processus de différenciation socio-spatiaux
- Paris et Berlin - deux types de métropoles européennes
- L'urbanisme à Berlin et ses reflets parisiens, 1900-1940
- Réhabilitation urbaine et revitalisation – l'exemple de Paris-Bercy
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Paris en concurrence avec les métropoles européennes
La situation actuelle de la métropole parisienne n'est pas des plus  favorables. Elle semble perdre du terrain dans la compétition européenne  : si elle occupe encore, après Londres, une position internationale de  premier plan, elle souffre de plus en plus de la concurrence de villes  plus orientées vers l'international, comme Amsterdam, Bruxelles ou  Francfort. Elle pâtit, en particulier, de la lourdeur des procédures  administratives françaises, du niveau élevé des impôts et de la  méconnaissance des langues étrangères. 
 La construction de bureaux est un bon indicateur du dynamisme  économique d'une métropole. Paris a connu, comme les autres grandes  villes européennes, une crise sévère au début des années 1990, qui s'est  traduite par la vacance d'environ 4 M de m2. En 1997 et surtout 1998,  le marché s'est ranimé, et la demande de bureaux, émanant notamment de  sociétés étrangères, a réduit la vacance et stimulé la construction,  mais surtout dans les localisations les plus recherchées comme le  département des Hauts-de-Seine. Cependant, après un maximum de 2,4 M de  m2 loués en 2000, ce nombre est retombé à 1,5 M en 2002; le taux de  vacance est remonté à 5,8 % fin 2002, contre 3 % fin 2001. On assiste  aussi à un certain déplacement de la demande vers des localisations  moins recherchées - et moins chères. Les investissements restent  toutefois à un niveau élevé, avec une part importante des fonds  allemands et nord-américains. 
 D'un point de vue social, la situation du marché du logement est  symptomatique d'un accroissement des tensions. On voit se poursuivre la  paupérisation des occupants des logements sociaux, qui représentent 40 %  du parc locatif d'Ile-de-France. Plus de 2,7 M de personnes,  c'est-à-dire un quart de la population de la région parisienne, vivent  aujourd'hui en HLM. Cette proportion n'est pas inquiétante en soi, mais  elle le devient quand on constate que le revenu moyen de ces habitants  s'éloigne de plus en plus de la moyenne régionale: de 1973 à 1992,  l'écart est passé de - 8 à - 28 % (Lacoste, 1998, p. 2), et il continue à  s'accroître. Cela va de pair avec l'augmentation du chômage et  l'accentuation des processus de ségrégation sociale et ethnique. Le  vandalisme et l'accroissement de la criminalité en sont des conséquences  parmi d'autres. L'abandon de ces quartiers par les commerçants (et  parfois aussi les services publics) est à la fois cause et conséquence  de cette dégradation. Toutefois la "Politique de la ville", menée avec  constance depuis plus de 20 ans par les gouvernements français, quelle  que soit leur couleur politique, participe au financement de la  réhabilitation du bâti, de l'aménagement d'aires de jeux et d'espaces  verts et, de façon pas toujours aussi convaincante, favorise la création  d'emplois et le maintien de l'animation commerciale, grâce à des  mesures financières en faveur des entreprises ("zones franches  urbaines"). 
 Les cinq villes nouvelles [1] ,  qui avaient été définies dans le schéma d'aménagement de 1965 comme les  principaux pôles de croissance de la région et devaient rassembler 2 M  hab. en l'an 2000, n'ont pas non plus atteint leurs objectifs. A cette  date, la population de Cergy-Pontoise [2] , Evry [3] , Melun-Sénart [4] , Marne-la-Vallée [5]  et Saint-Quentin-en-Yvelines [6]   atteignait en tout à peine 735 000 habitants. Elles ont cependant  accueilli une part importante de la croissance démographique et  économique de la région, et elles rayonnent bien au-delà de leur  territoire. 
 
Les Villes Nouvelles: quelques données démographiques et économiques
| Ville Nouvelle | Nombre de communes | Population en 2000 | Nombre d'entreprises en 2000 | Nombre d'emplois en 2000 | 
| Cergy-Pontoise | 11 | 177 726 | 3 500 | 84 315 | 
| Evry | 4 | 80 489 | 1 523 | 47 042 | 
| Marne-la-Vallée | 26 | 246 607 | 6 900 | 102 300 | 
| Saint-Quentin-en-Yvelines | 7 | 143 144 | 5 000 | 80 961 | 
| Melun-Sénart | 10 | 95 272 | 2 280 | 26 020 | 
| Gesamt | 58 | 734 238 | 19 203 | 340 638 | 
Source Internet [7] 
Globalement, cette situation comporte des éléments préoccupants. La France peut à juste titre se faire quelques soucis quant à l'avenir de Paris. Certes, la primauté de la capitale à l'intérieur du pays n'est en rien menacée. Mais la multiplicité des problèmes rencontrés par la région urbaine risque de mettre en cause l'ambition de faire de Paris "la" métropole de la nouvelle Europe, voire plus modestement de lui conserver son rang actuel. Cela permet de comprendre pourquoi, depuis quelques années, l'État semble avoir mis en sourdine ses projets de décentralisation, du moins dans le domaine économique. Mais Paris conserve incontestablement aussi des atouts importants à l'échelle européenne: proximité géographique des différents lieux de décision, efficacité du système de transports en commun, prestige du cadre historique, rayonnement mondial pour la mode et la culture. Il ne faudrait pas que ces atouts soient dévalorisés par un climat social trop tendu.