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Der neue Außenminister Jules Favre erklärte den französischen Diplomaten am 6. September 1870 die Entwicklung

« Monsieur,
Les événements qui viennent de s’accomplir à Paris s’expliquent si bien par la logique inexorable des faits qu’il est inutile d’insister longuement sur leur sens et leur portée. En cédant à un élan irrésistible, trop longtemps contenu, la population de Paris a obéi à une nécessité supérieure, celle de son propre salut.

Elle n’a pas voulu périr avec le pouvoir criminel qui conduisait la France à sa perte. Elle n’a pas prononcé la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie : elle l’a enregistrée au nom du droit, de la justice et du salut public.

Et cette sentence était si bien ratifiée à l’avance par la conscience de tous, que nul, parmi les défenseurs les plus bruyants du pouvoir qui tombait, ne s’est levé pour le soutenir. Il s’est effondré de lui-même, sous les poids de ses fautes, aux acclamations d’un peuple immense, sans qu’une goutte de sang ait été versée, sans qu’une personne ait été privée de sa liberté. […]

Délivré de la honte et du péril d’un gouvernement traître à tous ses devoirs, chacun comprend que le premier acte de cette souveraineté nationale, enfin reconquise, est de se commander à soi-même et de chercher sa force dans le respect du droit.

D’ailleurs, le temps presse : l’ennemi est à nos portes ; nous n’avons qu’une pensée, le repousser hors de notre territoire.

Mais cette obligation que nous acceptons résolument, ce n’est pas nous qui l’avons imposée à la France ; elle ne la subirait pas si notre voix avait été écoutée.

Nous avons défendu énergiquement, au prix même de notre popularité, la politique de la paix. Nous y persévérons avec une conviction de plus en plus profonde.

Notre cœur se brise au spectacle de ces massacres humains dans lesquels disparaît la fleur des deux nations qu’avec un peu de bon sens et beaucoup de liberté on aurait préservées de ces effroyables catastrophes.

Nous n’avons pas d’expression qui puisse peindre notre admiration pour notre héroïque armée, sacrifiée par l’impéritie du commandement suprême, et cependant plus grande par ses défaites que par les plus brillantes victoires.

Car, malgré la connaissance de fautes qui la compromettaient, elle s’est immolée, sublime, devant une mort certaine, et rachetant l’honneur de la France des souillures de son gouvernement.

Honneur à elle ! La Nation lui ouvre ses bras ! Le pouvoir impérial a voulu les diviser, les malheurs et le devoir les confondent dans une solennelle étreinte. Scellée par le patriotisme et la liberté, cette alliance nous fait invincibles. […]

Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire ni une pierre de nos forteresses. Une paix honteuse serait une guerre d’extermination à courte échéance. Nous ne traiterons que pour une paix durable.

Ici, notre intérêt est celui de l’Europe entière, et nous avons lieu d’espérer que, dégagée de toute préoccupation dynastique, la question se posera ainsi dans les chancelleries. Mais fussions-nous seuls, nous ne faiblirons pas.

Nous avons une armée résolue, des forts pourvus, une enceinte bien établie, mais surtout les poitrines de trois cent mille combattants décidés à tenir jusqu’au dernier.

Quand ils vont pieusement déposer des couronnes aux pieds de la statue de Strasbourg, ils n’obéissent pas seulement à un sentiment d’admiration enthousiaste, ils prennent leur héroïque mot d’ordre, ils jurent d’être dignes de leurs frères d’Alsace et de mourir comme eux.

Après les forts, les remparts ; après les remparts, les barricades. Paris peut tenir trois mois et vaincre ; s’il succombait, la France, debout à son appel, le vengerait, elle continuerait la lutte, et l’agresseur y périrait. […]»

(Dépêches, circulaires, décrets, proclamations et discours de Léon Gambetta. Publié par Joseph Reinach, I, Paris 1889, p. 9-12)

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