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'Recompositions du paysage religieux et islam de France'
 
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Recompositions du paysage religieux et islam de France

La France est-elle en train de parvenir aujourd'hui à un troisième seuil de laïcisation? Il se marquerait par une "laïcisation" de la laïcité elle-même, que l'on a pu définir récemment comme la "quatrième religion" monothéiste française. Entendons par là ce que Jean-Jacques Rousseau, le premier, puis les sociologues américains (Norbert L. Bellah) ont pu appeler une "religion civile", qui mêle un vieux fond chrétien et une forme de culte républicain et patriotique (Marianne ayant remplacé Marie, le 11 novembre du deuil de guerre redoublant la Toussaint, etc.). Cette laïcité était inséparable d'un fort attachement à la nation telle que la République l'a construite et enseignée, autour d'un espace défini par des "frontières naturelles" et dont manuels scolaires et courses cyclistes proposaient de faire le "tour", d'un culte des héros (de Jeanne d'Arc à Pasteur), d'une langue dont la clarté était célébrée, d'une mission devant l'humanité.

Laïcité et nation seraient (ou sont) aujourd'hui minées par les mutations d'une société de plus en plus mondialisée, y compris au sein de la construction européenne; de plus en plus consumériste, procédurière et "libertaire" à la fois. L'école laïque compte moins, désormais, des fidèles exclusifs que des consommateurs mobiles, n'hésitant pas à "zapper" d'un enseignement à l'autre au gré de leurs intérêts; la proclamation d'un "droit des élèves", en 1989, a de surcroît affaibli les enseignants et l'institution scolaire, alors qu'ils constituaient depuis cent cinquante ans un pilier essentiel de la société et une machine à intégrer, capable de propulser vers la réussite sociale les enfants des immigrés aussi bien que des paysans ou des ouvriers. Plus globalement, on est passé d'une société d'inculcation et d'intériorisation des devoirs (et d'une morale du respect d'autrui) à une société d'affirmation et de revendication des droits (dont la valeur suprême est l'accomplissement et la jouissance de soi).

Du coup, le religieux lui-même revient de bien des manières dans le débat et l'espace publics, au nom de ces mêmes droits à l'identité et à la différence (mon Dieu vaut bien ta laïcité), ou pour combler les vides laissés béants par les nouveaux désenchantements des religions séculières perdues, le marxisme, la consommation des Sixties, la nation, la laïcité. On observe depuis une vingtaine d'années une série de mouvements de fond que les sociologues ont pu ranger sous la bannière du Retour des certitudes, de la Revanche de Dieu ou des Métamorphoses de Dieu, pour reprendre les titres d'ouvrages dus respectivement aux spécialistes de l'Église catholique René Luneau et Paul Ladrière (1987), à l'islamologue Gilles Kepel (1991) et au spécialiste du bouddhisme occidental, Frédéric Lenoir (2003). Citons, sans pouvoir les décrire, la revitalisation du catholicisme, qui pouvait paraître à bout de souffle, par les mouvements et communautés charismatiques; l'essor d'un protestantisme pentecôtiste, sur ce modèle américain dont on sait qu'il multiplie un peu partout les conquêtes ; la "recharge" religieuse du judaïsme qui revient à une foi et des pratiques parfois très "orthodoxes"; l'essor des "sectes" et plus généralement d'une religiosité diffuse, caractérisée par le bricolage et le nomadisme religieux, les conversions, l'attrait du bouddhisme; l'installation massive de l'islam, enfin, dans le paysage religieux, politique et social.

Depuis une vingtaine d'années on observe une série de mouvements de fonds d'une religiosité diffuse, caractérisée par le bricolage et le nomadisme religieux, les conversions, l'attrait du bouddhisme; l'installation massive de l'islam, enfin, dans le paysage religieux, politique et social, jusqu'à l'Église de scientologie ou des groupuscules pseudo-ésotériques.

Source Internet [1]

On peut retenir la force du discrédit qui pèse sur les "sectes"; ce terme recouvre du reste des réalités religieuses extrêmement diverses, depuis de véritables Églises protestantes, ou les Témoins de Jéhovah, jusqu'à l'Église de scientologie ou des groupuscules pseudo-ésotériques. La France a toujours été méfiante à l'égard des cultes non reconnus et des nouveautés religieuses, et se montre régulièrement tentée de légiférer à leur encontre. Deux rapports parlementaires remarqués ont été consacrés aux sectes, en 1985 et 1996. Le second, dit rapport Guyard [2] , a dressé une liste de 172 "sectes" qui a été reçu comme un véritable "index" des déviances sectaires et a conduit à leur stigmatisation dans l'opinion publique. En 2001, les députés ont cherché à insérer dans le Code pénal un délit de "manipulation mentale" que les Églises catholique et protestantes ont vivement dénoncé: où passe, en effet, la frontière entre le don joyeux de soi et la manipulation mentale? Est-ce à la loi de sonder les âmes? La loi du 12 juin 2001 s'en tient à la possible dissolution de toute personne morale "qui poursuit des activités ayant pour but ou pour effet de créer, de maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes qui participent à ces activités". Le terme de "secte" est tellement négatif en France que les sociologues tentent d'imposer l'expression de "Nouveaux Mouvements Religieux" (NMR), moins stigmatisante.

Répartition géographiques des sectes en France.
D'après le rapport Guyard, le nombre de sectes s'élève aujourd'hui à 172 pour les "organisations-mères". L'inclusion des "filiales" dans l'étude permet de constater l'existence, en France, d'une véritable "nébuleuse sectaire" comptant plus de 800 satellites.

 

Source Internet [3]

L'essentiel tient au surgissement de l'islam dans la France du dernier tiers du XIXe siècle. Il y eut tout d'abord un islam en France, islam enfoui, celui d'immigrants presque exclusivement maghrébins (on compte très peu de Turcs), des hommes célibataires attendant de rentrer au pays. Leur religion n'était là que de passage, destinée à repartir avec eux. C'était aussi un islam "consulaire", dominé par les États maghrébins, à l'image de la tutelle exercée par l'Algérie sur la Mosquée de Paris (qui a été inaugurée en 1926 pour honorer la part prise par les soldats musulmans des colonies dans l'effort de guerre français en 1914-1918). Puis les hommes sont restés, les familles se sont regroupées, des enfants sont nés et ont acquis la nationalité française. Des chiffres ont commencé à être avancés: 3 millions de musulmans en 1985, 4 dix ans plus tard - de 4 à 5 aujourd'hui (autour de 7 %, contre 3 % en Allemagne), personne ne sait très exactement.

L'Islam en France - Nombre de lieux de culte musulman (mosquée ou salle de prière) au 31 décembre 1999.




Source Internet : www.intercarto.com/images/cartes/actualite/islam0.gif

L'islam est devenu de très loin la seconde religion de France (les protestantismes, eux aussi en expansion, rassembleraient plus d'un million de personnes), et les musulmans français constituent, en chiffres absolus et relatifs, la plus forte communauté musulmane d'Europe - la France compte aussi la plus forte communauté juive, ce qui crée des tensions parfois vives, chaque communauté ayant tendance à "importer" le conflit israélo-palestinien. Les chiffres sont également parlants en termes d'édifices des cultes: si la France possède 38.000 églises et 1.200 temples protestants, elle compte déjà 1.700 mosquées et salles de prière musulmanes (5 en 1965, 922 en 1985). Il est vrai que de grandes villes comme Strasbourg ou Marseille ont renoncé à contribuer à l'édification de véritables "mosquées-cathédrales" (comme l'ont fait ou le font Lyon en 1994 et diverses villes de la grande banlieue parisienne), tant les musulmans se montrent divisés, on va le voir.

La situation de l'Islam en France:
actuellement il y a entre 4 et 5 millions de musulmans en France pour une population de l'ordre de 60 millions; les deux tiers restent des étrangers de nationalités extrêmement diverses. Ceux qui sont français sont en priorité des enfants de harkis qui le sont devenus en application de la législation française (ius soli).

Source :Image [4] / Texte [5]

Une présence aussi affirmée et récente pose à l'État et aux collectivités locales des problèmes concrets d'organisation du culte: quels bâtiments, quels imams, quel financement, quelle représentation collective, quels accommodements autour du Ramadan, de la fête de l'Aïd el Kebir ou du voile islamique, etc.? La solution, aux yeux d'un État laïque représenté par le ministre de l'Intérieur qui est également ministre des Cultes, mais aussi de divers imams, intellectuels et responsables musulmans, passe par la constitution d'un islam de France [6] . Le changement de préposition n'est pas un simple jeu de mots: il traduit un changement d'organisation et de position dans l'État laïque et la société sécularisée. Un pari se joue sans doute autour de cet islam de France: l'intégrer à la gestion française de séparation du religieux et du public, l'aider à accepter et intérioriser cette séparation qui n'est pas plus antimusulmane (ou islamophobe, pour employer un mot récent) qu'elle ne fut hier anticatholique - anticléricale, oui, et anti-islamiste, mais pas antireligieuse.

Islam de France renvoie donc à une même ambition, déclinée sur deux plans: du point de vue de la gestion des cultes, l'État cherche à susciter une organisation et une représentation collectives de l'islam afin de pouvoir dialoguer avec cette instance, comme jadis Napoléon sut le faire avec les juifs et les protestants, et comme l'État colonial le faisait avec l'islam en Algérie. Du point de vue de l'islam lui-même, on veut parier sur sa capacité à se réformer, dans la mesure où il se trouve en France comme en Europe dans une situation radicalement nouvelle: sous statut minoritaire et dans un climat général de sécularisation. À terme, un tel islam, inséré dans le dialogue avec l'État, ni enfoui ni intégriste, deviendrait le cinquième "culte reconnu", non au sens juridique du XIXe siècle mais au sens sociologique qui fait qu'il y a toujours deux types de cultes en France et que la République n'a pas pour tous la même considération; on peut aussi songer à l'exemple de la Belgique, qui fonctionne toujours sur le modèle des cultes reconnus et a décerné cette qualité à l'islam dès 1974.

En France, l'État a œuvré depuis le début des années 1990 pour se doter d'un interlocuteur officiel et représentatif et avoir affaire ainsi à ce que plusieurs auteurs ont appelé un "islam gallican [7] ", c'est-à-dire véritablement français et lié par une sorte de contrat avec les autorités politiques. Ces dernières ont longtemps espéré trouver un tel interlocuteur dans la Mosquée de Paris [8] , mais ses dirigeants ne sont pas parvenus à fédérer l'islam métropolitain. Pierre Joxe a d'abord mis en place un Conseil de Réflexion sur l'Islam en France (CORIF [9] , 15 membres, 1989-1992); sous son successeur, Charles Pasqua, une Charte du culte musulman en France, de 37 articles, a été signée en janvier 1995. En 1999, une consultation nationale des principales organisations musulmanes a conduit à la ratification d'une déclaration intitulée Principes et fondements juridiques régissant les relations entre les pouvoirs publics et le culte musulman en France. Enfin, après un accord entre organisations et personnalités musulmanes intervenu en décembre 2002, des élections et cooptations ont permis de mettre en place le Conseil français [10] du culte musulman (2003), présidé par le recteur de la Mosquée de Paris et ayant pour vice-présidents les secrétaires généraux de deux grandes fédérations rivales, l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF [11] , 1983, proche des Frères Musulmans et des États conservateurs du Golfe) et la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF, 1985, proche du Maroc).

La Mosquée de Paris,
place du puis de l'Ermite (V. Arr.). Construite de 1924 à 1926 suivant les plans de Tranchant de Lunel, inspecteur général des Beaux-Arts au Maroc, qui s'inspire des mosquées de Fez. Manifestation de l'amitié de la France pour l'Islam, elle commémore les cent mille musulmans morts pour la France en 1914-1918. La construction de la mosquée est financée par l'État (loi du 19 août 1920) et édifiée sur un terrain donné par la ville de Paris. La création de l'Institut musulman permet de contourner la loi de 1905 interdisant à l'État de subventionner des lieux de culte.

Source Internet [12]

Ce long chemin vers une "gallicanisation" de l'islam de France achoppe surtout sur les divisions internes à la communauté et sur l'influence financière, politique et religieuse de plusieurs pays étrangers, de l'Algérie à l'Arabie saoudite. C'est dans ces États que sont formés les imams qui exercent en France (on en comptait 500 en 1992), le pays n'ayant qu'un institut privé de formation, installé depuis 1992 dans la Nièvre. Le théologien protestant de Strasbourg Étienne Trocmé a suggéré en 1996 de mettre à profit le statut concordataire de l'Alsace pour créer dans l'université publique de Strasbourg une filière de théologie musulmane parallèle à celles qui existent pour les catholiques et les protestants et présentant les mêmes garanties scientifiques. Ceux qui se destinent à devenir imams recevraient par ailleurs une formation "professionnelle" complémentaire. Le projet n'a pour l'heure pas abouti.

Au-delà de l'institutionnel, l'islam de France est un enjeu d'intégration pour une société française qui a su s'incorporer de précédentes vagues migratoires massives - Belges, Polonais, Italiens, Espagnols et Portugais étaient catholiques, il est vrai; Russes blancs et Arméniens étaient des chrétiens. Mais les juifs ashkénazes ou séfarades relevaient d'une religion et d'une culture très différentes, et n'en ont pas moins développé un brillant modèle d'intégration, que seule la haine antisémite de Vichy a pu bousculer un temps. Il y a deux siècles, les juifs de France [13] choisissaient de devenir des israélites français ou Français israélites: Français d'abord (sphère publique), de confession israélite ensuite (sphère privée). Pourquoi les musulmans de France ne deviendraient-ils pas des "Français musulmans", non plus au sens des années 1960 (les harkis rapatriés, ces Algériens qui avaient choisi la France au moment de la guerre et de l'indépendance), mais au nom de l'expérience française du pluralisme: Français d'abord, de rite musulman ensuite? Cette expérience s'est avérée longue et douloureuse, pour les minorités (protestants, juifs) comme parfois la majorité (le catholicisme sous la Terreur), mais elle a finalement fait preuve de savoir-faire social et d'apaisement intégrateur.

Cet espoir semble rencontrer actuellement de sérieux obstacles, qui se focalisent pour l'essentiel autour de la question du voile islamique. La première affaire de foulard (on ne parlait pas encore de voile) a éclaté à l'automne 1989 et passionné l'opinion, confrontée à une affirmation publique de l'islam qu'elle n'avait pas vu venir: trois jeunes collégiennes refusaient d'ôter leur foulard et ont été exclues de l'établissement. Le ministre de l'éducation nationale, Lionel Jospin, a demandé au Conseil d'État un avis, rendu le 27 novembre 1989. (cf. Circulaire [14] du 12. décembre 1989). La haute assemblée refusait d'interdire par principe le port du foulard, mais fixait des bornes en recourant à une épithète devenue célèbre, parce qu'elle est trop subjective et imprécise: l'"ostentatoire", devenu par la suite l' "ostensible". La liberté affirmée des élèves ne saurait leur permettre "d'arborer des signes d'appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, […] enfin troubleraient l'ordre dans l'établissement ou le fonctionnement normal du service public". Une circulaire de septembre 1994 reprenait les termes de cet avis en visant "des signes si ostentatoires que leur signification est précisément de séparer certains élèves des règles de vie communes de l'école. Ces signes sont, en eux-mêmes, des éléments de prosélytisme…".

Remise du rapport du médiateur de la République, M. Bernard Stasi.
Ce rapport rend compte des travaux de la Commission présidée par Bernard Stasi. Abordant la laïcité comme principe universel et valeur républicaine puis comme principe juridique, la Commission propose ensuite un "diagnostic" et une série de propositions visant à "affirmer une laïcité ferme qui rassemble".

Source Internet : www.elysee.fr/actus/arch0104/010423/actu.htm

Plusieurs arrêts du Conseil d'État ayant annulé des exclusions prononcées par les établissements, et les affaires de voiles s'étant multipliées (ou du moins leur médiatisation), le besoin s'est fait sentir d'une remise à plat. Au terme de ses auditions, en décembre 2003, une commission sur la laïcité présidée par l'ancien ministre Bernard Stasi a rendu un rapport [15] très remarqué dans lequel elle proposait (à l'unanimité moins une voix) d'insérer dans un texte de loi l'interdiction de signes ostensibles, "tels que grande croix, voile ou kippa". Le texte de la loi votée à une très forte majorité, le 15 mars 2004, stipule: "Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec l'élève". Sera-t-il plus facile qu'après 1989 de distinguer l'ostensible? L'avenir le dira. La réflexion autour du bandana, une forme plus discrète de voile, augure de subtilités d'interprétation qui risquent de créer des difficultés.

On l'a vu, diverses religions sont implicitement concernées par la loi, et le même rapport de la commission Stasi a proposé, sans être entendu, de faire de deux grandes fêtes religieuses juive et musulmane, Kippour et l'Aïd el Kebir, deux nouveaux jours chômés à l'école, afin d'offrir au public une véritable laïcité capable d'additionner les dieux (neutralité d'accumulation et non d'exclusion !) et non plus un calendrier chrétien ou catholique à peine déguisé (l'Assomption de la Vierge, le 15 août, reste l'un des principaux jours fériés). Toutefois, il est clair pour tous que c'est bien le seul voile islamique que la commission et la loi ont visé; et, au-delà, une série de revendications en provenance de milieux musulmans et prétendant trier parmi les matières enseignées (gymnastique, natation, biologie, histoire…), refuser, pour une patiente, un médecin masculin, refuser (pour une fonctionnaire) de serrer la main d'interlocuteurs masculins, etc. C'est la notion même d'un espace public, commun, ouvert à tous et interdit aux interdits particuliers, qui a paru être remise en cause par ce que les sociologues ont appelé une "réislamisation" de la société par le bas, imams, parents, élèves eux-mêmes.

Croix et voile dans la caricature.
Commentaire de Jacques Garello: "Je crains que le débat autour du voile islamique soit mal engagé: les deux réactions les plus fréquentes sont celles de la tolérance zéro et de l'éloge de la laïcité. Pour les uns, ceux qui viennent dans notre pays ont à se plier non seulement à nos lois, mais aussi à nos mœurs. La France, fille aînée de l'Eglise, se reconnaît dans la croix, nos traditions culturelles ne peuvent pas être parasitées par un islamisme militant. Pour les autres, la laïcité républicaine est la meilleure réponse: ni croix ni voile."

Source Internet [16]

L'historien ajoute que si l'islam est aujourd'hui en cause, il y a un siècle c'est le crucifix que la République laïque faisait ôter de l'espace public et c'est le catholicisme qui dénonçait ce geste au nom de la liberté religieuse. Le voile a remplacé le crucifix, mais l'école publique entend rester "l'asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas", pour reprendre les termes d'une circulaire du ministre de l'Éducation nationale du Front Populaire, Jean Zay, en 1937. Que cette laïcité vigilante ne doive surtout pas être confondue avec le refus de la religion se vérifie au fait qu'elle s'apprête désormais à enseigner le "fait religieux" reconnu comme une dimension essentielle de l'histoire et de l'actualité de nos sociétés. Alors que la Séparation des Églises et de l'État est désormais centenaire, la France reste laïque mais redécouvre la vitalité du religieux et la vivacité du débat qu'il suscite ou entretient.