Pendant les cinq premières années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ 9 millions de réfugiés ainsi que de personnes de nationalité allemande expulsées par les pays de l'est et de l'Union Soviétique où ils vivaient (Vertriebene) quittèrent ces pays pour venir en Allemagne de l'ouest. Malgré de grandes difficultés, ce nombre de personnes aujourd'hui à peine imaginable put être accueilli et intégré. Ce n'est qu'au début des années 1950 que l'Etat entama une politique d'intervention concernant l'immigration et l'intégration qui accordait à ceux que l'on nomme "Aussiedler ^[1] " des droits et aides particuliers. (Le terme "Aussiedler" correspondant à un contexte particulier, il apparaît préférable d'utiliser ici ce terme allemand plutôt que celui de "rapatriés". NdT)

On désigne par le terme d'Aussiedler ^[2] les personnes appartenant au peuple allemand qui vivaient dans les pays du bloc de l'est, notamment en Pologne et en Union Soviétique, et qui "revinrent" en République Fédérale. Du fait des poursuites dont ces minorités allemandes avaient été l'objet dans les pays d'Europe centrale et de l'est, elles bénéficiaient d'une sollicitude toute particulière. Tous les gouvernements de la RFA s'efforcèrent de faciliter leur sortie de ces pays, les personnes concernées de même que leurs époux et enfants reçurent automatiquement la nationalité allemande ainsi que diverses aides à l'intégration.

Alors qu'entre 1960 et 1985 le nombre d'Aussiedler était très limité, vers la fin des années 1980 les gouvernements des pays du bloc de l'est assouplirent les restrictions concernant les sorties de territoire. Ainsi en 1988, 140.000 Aussiedler en provenance de la seule Pologne arrivèrent en RFA. Peu après on assista à une croissance du nombre des Aussiedler notamment en provenance des pays de l'ancienne Union Soviétique: en 1990, près de 400.000 arrivèrent en Allemagne. Cette "marée d'immigration" créa d'importants problèmes d'accueil, d'hébergement et d'emploi. C'est pourquoi en 1993 le gouvernement décida de limiter cette immigration à 220.000 personnes par an. Depuis cette époque, on emploie le terme de Spätaussiedler ^[4]  pour désigner ces personnes (comp. Ausländer-Statistik ^[5] )

Les (Spät-)Aussiedler ayant la nationalité allemande, cette catégorie de personnes n'apparaît dans aucune statistique. Au total, 4,1 millions d'Aussiedler sont arrivés en RFA depuis 1950, le pourcentage des personnes venues de l'ancienne Union Soviétique ayant augmenté au cours des dernières années. Cependant c'est justement cette catégorie qui dispose des plus mauvaises cartes en ce qui concerne l'intégration. Les plus jeunes Notamment n'ont pas ou peu de connaissances de la langue allemande et leur intégration dans le monde du travail devient de plus en plus difficile. Aussi les réticences de la population locale à l'égard du traitement "privilégié" - comparé aux étrangers - réservé aux Aussiedler augmentent-elles, ce qui renforce ainsi leur exclusion.

Il n'est pas exclu que les procédures d'admission ^[6] des Aussiedler soient supprimées dans les années à venir dans le cadre de la législation sur l'immigration, d'autant plus que dans les pays d'Europe centrale et de l'est le nombre des citoyens d'origine allemande et souhaitant quitter ces pays pour l'Allemagne est en baisse.