Les sondages d'opinion ^[1] réalisés depuis les années cinquante ont clairement montré la persistance des vieilles images de l'ennemi au sein de la population. En France, on se méfiait encore des Allemands dix à quinze ans après l'occupation, et seule une minorité de dix à vingt pour cent des Français faisait confiance à leurs voisins d'outre-Rhin. De leur côté, les Allemands éprouvaient tout autant de méfiance envers les Français.

Dans l'ensemble, les relations culturelles et sociales tissées entre la France et la RFA dans les années cinquante ne permettaient pas d'envisager le développement de liens particulièrement étroits. Les deux pays s'étaient considérablement éloignés l'un de l'autre, en raison des identités et mémoires nationales très divergentes. Il ne fallait donc pas s'attendre à voir de vastes initiatives se créer au sein de la société civile en vue du renforcement des relations franco-allemandes. Et en effet, les démarches décisives sont venues à cet égard des gouvernements, par exemple par la création du Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN ^[3] ) ou de l'Institut Historique Allemand à Paris ^[4] , les premiers jumelages de villes et la création de l'Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ ^[5] ).