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'Financement public et diversification de l'échange'
 
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Financement public et diversification de l'échange

Il s'agissait désormais d'étendre la base de l'échange organisé, d'accorder aux jeunes une importance toute particulière et d'élargir la notion de culture. Un deuxième problème qui avait touché l'échange franco-allemand organisé pendant l'entre-deux-guerres fut partiellement résolu par le déblocage de fonds publics pour la création de l'Office franco-allemand de la jeunesse [1] (OFAJ) en 1963. La tendance à l'élargissement des bases sociales, notamment en ne réservant plus l'échange aux milieux exclusifs, mais en l'étendant à une plus large part de la population (notamment les jeunes), ainsi que le renforcement du financement public des activités de rencontre bilatérales sont les caractéristiques les plus marquantes de la coopération entre les sociétés civiles dans la seconde moitié du XXe siècle.

Fig. 10

La signature du Traité de l'Elysée par le Chancelier Adenauer et le Président de Gaulle le 22 janvier 1963 à Paris.

 

 

 

Source Internet (16.12.2003)

L'épanouissement de formes très diverses de cette coopération franco-allemande fut favorisé par le succès, sur une longue période, de la solution politique des conflits entre les deux Etats, ce qui créa une prédisposition pour l'entrée en contact de la population des deux côtés nettement plus solide que cela fut jamais possible dans l'entre-deux-guerres. Il en résulta une diversité (parfois même déconcertante) de structures d'échanges entre les sociétés civiles, structures nées exclusivement d'initiatives privées jusqu'à la veille des années 1960, mais par la suite également de plus en plus souvent créées par des décisions gouvernementales notamment dans les années 1980. Comme créations caractéristiques de la première période d'après-guerre, il faut citer le Comité français d'échanges avec l'Allemagne nouvelle fondé en 1949 à Paris en majorité par des intellectuels ainsi que l’Institut franco-allemand [2] (DFI) fondé à Ludwigsburg en 1948 à l'initiative de personnalités du monde des affaires, culturel et politique du sud-ouest de l'Allemagne.

Plus fortement ancré dans le milieu catholique des deux pays, mais agissant aussi en-dehors de celui-ci, deux organisations médiatrices sont nées parallèlement: le Bureau international de liaison et de documentation (BILD [3] ) en France et la Gesellschaft für übernationale Zusammenarbeit (GÜZ [4] ) en Allemagne. Elles publient également des revues concernant le pays voisin, Documents [5] et Dokumente [6] . Dans les années 1950, des sociétés franco-allemandes locales ont été à nouveau fondées sur le modèle de l'ère de Weimar; elles travaillent en coopération avec des associations françaises similaires et sont regroupées depuis 1957 dans la Fédération des associations franco allemandes [7] . Egalement dans les années 1950, une nouvelle forme de coopération commença à prendre de l'importance pour devenir à partir des années 1960 l'une des structures de rencontre ayant le plus de succès dans ce domaine: le jumelage entre communes. Nés de l'idée de rencontres régulières entre les maires, les jumelages sont sous la régie des communes et bénéficient d'une aide financière publique. Le second domaine de base des efforts d'entente, la jeunesse, n'était pas seulement le destinataire des programmes élaborés par ces organisations de l'après-guerre, mais aussi pour la première fois l'objet de réflexions dans les universités françaises et allemandes. Depuis 1958, les conditions d'un possible échange entre étudiants et d'une coopération dans le domaine de la recherche font partie des thèmes discutés à la conférence franco-allemande des recteurs [8] . L'ouverture pour la première fois d'une "Maison Heinrich Heine [9] " (Maison de l'Allemagne) à la Cité universitaire de Paris en 1956 apporta un soutien institutionnel au flot des étudiants allemands vers la France qui avait déjà repris spontanément.

Fig. 11

La Maison Heinrich Heine à la Cité Internationale Universitaire de Paris, 27 C Boulevard Jourdan, 75014 Paris.

 

 

 

Source Internet [10]

La création de l'OFAJ [11] sur la base du traité franco-allemand de janvier 1963 (Traité de l'Elysée [12] ) a joué un rôle décisif pour l'évolution qui suivit. Les organisations d'entente déjà plus anciennes se virent accorder une participation aux organes de l'OFAJ et c'est cette nouvelle institution qui, grâce à une aide matérielle (par exemple dans le cas de partenariats entre communes, universités et écoles), leur permit d'atteindre un public aussi large. Une symbiose similaire entre initiatives de la société civile et soutien financier par l'Etat s'est établie dans le domaine académique après l'ouverture d'une filiale [13] du Deutscher Akademischer Austauschdienst (DAAD) à Paris en 1963. Elle devint le stimulateur de nombreux programmes d'échange dont des demandes tout à fait fondées de la part d'universités française et allemandes sont en général à l'origine.

Enfin, le mouvement de réforme qui apparut après la révolte étudiante de 1968 [14] au sein de la germanistique française et de la romanistique allemande est fondé sur l'idée que le travail d'entente entre les sociétés civiles en France et en Allemagne devait commencer par les domaines centraux de l'existence que sont l'habitat (jumelages de communes) et l'éducation (universités, écoles, formation professionnelle). Aux débuts de l'expansion universitaire et de la différenciation des matières et des cursus qui y était liée, il apparut logique d'offrir aux étudiants la possibilité d'acquérir une capacité d'action dans le pays voisin par l'ajout dans les deux disciplines de référence de cours de civilisation. La décennie allant du milieu des années 1960 au milieu des années 1970 fut la plus riche en efforts de coopération entre les sociétés civiles et vit la création de la plupart des programmes d'échange.