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'Remarque préliminaire'
 
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Remarque préliminaire

La Révolution Française représente l'aboutissement d'un processus de sécularisation de l'Occident amorcé à l'époque de la Renaissance, et l'avènement d'une ère nouvelle marquée par une complète restructuration de la France, puis de l'Europe toute entière. De par son impact historique universel, elle a cristallisé une multitude de potentialités qui s'étaient dessinées depuis près de trois siècles, et a débouché sur un mouvement mondial de grande portée. Que ces bouleversements révolutionnaires se soient déclenchés en France n'est pas le fruit du hasard, puisque c'est le pays qui, le premier, a développé un État centralisé, une économie individualiste et la pensée rationnelle, évolution à laquelle les rois de France ont considérablement contribué.

"Le fardeau des privilèges". Cette illustration de l'époque symbolise les structures de la société féodale et de la monarchie absolue, dont la Révolution provoqua l'effondrement.

Source Internet [1]

Ces derniers ont eux-mêmes ouvert la voie à une révolution qui marque l'abolition des structures séculaires du féodalisme et de la monarchie absolue, et donc une rupture radicale avec le passé, mais aussi en même temps l'apogée de cet État centralisé, qui a rompu avec la monarchie au moment où celle-ci était devenue superflue, l'idée de "nation" étant assez forte pour s'imposer. La Révolution Française a donné naissance à une nouvelle forme de société démocratique caractérisée par l'individualisme et par le concept de contrat social fondé sur le droit naturel.

La Révolution n'a fait que tirer l'ultime conséquence - préparée de longue date en théorie et dans l'histoire -, en libérant l'État, aussi bien sur le plan abstrait que concret, des liens hérités de l'histoire, donc aussi de sa subordination à une dynastie, par le "transfert de la souveraineté à l'idée d'État", selon l'expression de Schnabel, car "il n'y a point d'autorité supérieure à la loi". La France bascule alors de la monarchie à la démocratie: désormais, l'État ne reposera plus sur une dynastie, mais sera porté par un peuple tout entier.

Cette nation n'est plus divisée en différents corps et ordres, comme au Moyen-Âge, mais fondée sur le principe de l'égalité de tous devant la loi, issu de la pensée rationnelle du mouvement des Lumières [2] , qui a ouvert la voie à la Révolution. En achevant "l'oeuvre" des rois selon une logique implacable, la Révolution a permis à la nation de s'accomplir dans la souveraineté de l'État, tout en faisant de celui-ci le garant de l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Depuis que le Tiers-État a refusé en 1789 le vote séparé des trois ordres, l'idée de l'indivisibilité de la nation s'est affirmée, et les fondements du constitutionnalisme moderne ont été définis. L'idée d'égalité et d'unité a généré le concept de nation de l'ère libérale, avec sa vision individualiste de l'État de droit moderne. Ce nouvel État démocratique de la Révolution est, comme l'a formulé Schnabel dans l'une de ses vues d'ensemble des fondements du monde occidental, "l'alliance sans cesse renouvelée d'une société supra-individuelle consciente de ses spécificités par rapport à d'autres peuples. Parce qu'elle a été approfondie et renforcée par les principes de la représentation et de l'égalité devant la loi, l'idée de nation s'est imposée au XIXe siècle." (Cf. Franz Schnabel, Deutsche Geschichte im 19. Jahrhundert. Freiburg (2e édition) 1937, (3e paragraphe: Die historische Bedeutung der Französischen Revolution), p. 110 et 113.)