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'Les sites de la presse quotidienne'
 
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Les sites de la presse quotidienne

LE MONDE et la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG
Les deux quotidiens connaissent une réputation irréprochable d'une haute qualité rédactionnelle. Si LE MONDE est traditionnellement plutôt d'orientation libérale ou de gauche, la FAZ est connue pour son caractère conservateur bien que celui-ci ne s'exprime que dans les commentaires politiques et économiques.

Fig. 3

Page d'accueil du MONDE du 29 septembre 2002

 

 

 

 

 

 

Les deux utilisent des caractères "gothiques" pour leur logo dans leurs versions imprimées. Ces logos réapparaissent sur leurs sites Internet. Mais dans la typographie des textes "électroniques", ils utilisent tous les deux des signes de modernité. LE MONDE met derrière le logo standard son ".fr" dans une belle typographie sans empattement (9). Celle-ci vise à symboliser la modernité. 

La FAZ ne pratique pas cette confrontation immédiate des Anciens et des Modernes, mais utilise un en-tête contemporain avec un logo également dans une typographie sans empattement et avec l'abréviation "moderne" FAZ. Dans le ventre, en revanche, l'utilisateur voit toujours l'en-tête classique du journal imprimé.

La mise en page du MONDE est très efficace, elle n'utilise qu'une barre de navigation verticale qui est pourtant très dense. Un deuxième système de navigation - les "séquences" - s'annonce déjà, différenciées à l'aide de couleurs différentes (actualités, édition abonnés, services …). A droite se trouvent les sujets d'"approfondissement", avec un bloc "Dernière heure" (les dernières dépêches), un document (dans l'exemple, une intervention du Premier ministre) et un sujet thématique détaillé. 

La segmentation en trois parties est clairement marquée. La page ne ressemble pourtant pas à la version imprimée. Elle est efficace sans être trop élégante. Elle montre assez clairement les moyens de navigation, bien qu'elle n'utilise quasiment plus les signes classiques des liens hypertexte. Lors de l'utilisation, la recherche plein texte montre en plus une qualité extraordinaire en matière de vitesse et d'ergonomie de la présentation des résultats.

Au niveau des sujets traités, LE MONDE renforce encore sur le site ce qui est son caractère dans la version imprimée. On y trouve toujours un mélange entre actualités et sujets thématiques qui expliquent l'arrière-plan de l'actualité. Dans l'exemple, la nouvelle de la position de Chirac vis-à-vis du président américain Bush à propos de l'Iraq est une brève d'actualité politique. Les trois liens en dessous prolongent ce sujet et lui apportent les explications supplémentaires. Les dépêches sont un deuxième moyen de montrer le souci du quotidien de prolonger son activité de quotidien quasiment avec l'information instantanée. Par contre, les trois sujets en deuxième ligne, Serbie, PS et Gucci, sont des sujets d'arrière-plan et d'analyse, préparés et étudiés longtemps et méticuleusement par ses auteurs. Ils pourraient se trouver également dans un magazine d'information générale comme L'EXPRESS.

La page d'accueil de la FAZ reprend - à partir de l'en-tête - un bon nombre de moyens de la mise en page du produit imprimé. Cela commence déjà par l'énumération des éditeurs et continue avec une barre de navigation qui concorde avec celle de la une. La ressemblance aboutit même à une position identique des commentaires à droite, dont les titres ne sont pourtant pas en lettres gothiques (pour des raisons techniques), mais en italiques, autre signe de l'expression d'une opinion. La FAZ utilise au moins une typographie avec empattement pour les textes courants, tandis que LE MONDE rompt avec la sienne, en utilisant une typographie bien efficace pour la lecture à l'écran.

Une double barre de navigation horizontale en haut de l'en-tête "classique" renvoie d'une part aux autres éditions en ligne du journal (FAZ.NET Aktuell et la version anglaise FAZ. Weekly), d'autre part aux "spéciaux" qui ressemblent fortement dans leur orientation aux "thématiques" du MONDE.

Fig. 4

Page d'accueil de la FAZ du 28 septembre 2002

 

 

 

 

 

 

LE MONDE offre pour 5 EUR par mois une version pour abonnés qui accèdent ainsi à des pages plus détaillées, des moyens de recherche approfondies et des services spéciaux (cf. le lien en haut à droite). La FAZ prépare la même chose et annonce déjà deux accès différents dans la barre de navigation verticale, où les liens possèdent la forme d'une pointe de flèche ou d'une clé. Tout en tête de la page se trouvent encore des liens qui permettent une personnalisation du site en indiquant des données personnelles.

Au niveau des contenus, la FAZ ne propose pas autant de sujets sur sa une que LE MONDE. Le thème principal, la réduction du nombre de salariés chez Mobilcom et l'arrêt des activités concernant la troisième génération des téléphones mobiles, est annoncé avec surtitre (en fait, la rubrique), un titre, une grande photo et une légende. C'est plutôt une brève, parfois une "hard news". On parle quelquefois de "Teaser" (= une accroche) pour ces ensembles titres, texte court et image (cf. Seibold 2002, 37). La FAZ signale également qu'elle prolonge l'actualité en la commentant et en l'analysant : à droite, en tête de la colonne après les annonces d'emploi, se trouve le sujet de la semaine (ici, les relations américano-germaniques). Déjà l'annonce de la périodicité montre le souhait du quotidien d'étendre son champ d'action sur le site vers la presse magazine.

Si l'on compare les deux, on remarque une ressemblance structurelle, mais le site du MONDE possède une forte indépendance. Le seul lien reste le logo, tandis que la FAZ essaie de recréer la une du journal. Mais la présentation du MONDE paraît plus efficace et plus adaptée pour une utilisation à l'écran. Dans l'exemple de la FAZ, l'en-tête original de la version papier est inutile et donne raison à ceux qui réclament une mise en page plus adaptée à l'écran. Une reprise de la version imprimée ne peut être considérée que comme un mauvais compromis.

Au niveau des contenus, LE MONDE paraît plus riche, ce qui provient de la densité de la mise en page. Les deux réussissent à montrer qu'ils s'engagent à la fois à informer l'utilisateur de l'actualité "chaude", mais aussi à lui apporter les analyses, les commentaires, les informations d'arrière-plan de l'actualité ; rôle dévolu habituellement à la presse magazine d'information générale.

Fig. 5

Nouvelle page d'accueil de FAZ.de du 23 avril 2003

 

 

 

 

 

 

Depuis mars 2003, l'offre de la FAZ a changé : le concept de la double page d'accueil existe toujours. Mais la page ressemble maintenant encore plus à celle de la version imprimée, car il n'y a plus d'images. Par contre, les titres des commentaires ne sont plus en italiques. Le grand changement concerne le principe de refinancement du site : la FAZ demande quasiment pour tout accès à son archive un abonnement payant et propose donc un forfait de 49 EUR par an (cf. les petites clés sur la copie d'écran).

Fig. 6

Page d'accueil de la FAZ en 2004

 

 

En 2004, la mise en page changeait de nouveau. Bien que les principes de l'analyse ici présente ne soit pas mis en cause, la FAZ change complètement. Les principes sobres de la mise en page de la version "print" ne sont plus du tout respectés. Un nombre important d'images infecte maintenant la page d'accueil. L'accès rapide aux rubriques à gauche - qui faisaient doublon de la barre de navigation horizontale - a disparu. Par contre, les accès aux spéciaux, qui ressemblaient aux commentaires de la version imprimée, se sont accrus lors de cette refonte de la maquette. Certes, cette page d'accueil est plus ou moins efficace. Mais l'image du journal se perd de plus en plus dans une mise en page quelconque.

Fig. 7

La page d'accueil du PARISIEN

 

 

 

 

 

 

 

LE PARISIEN et BILD
Nous avons choisi ces deux quotidiens pour leur caractère populaire, bien qu'ils ne soient pas identiques dans leur fonction. LE PARISIEN est donc un journal plutôt populaire, vendu en kiosque, mais il peut se vanter d'une diffusion honorable d'environ 30 % par abonnement. BILD, en revanche, est l'exemple type d'un titre boulevard, dont la vente en kiosque, par revendeurs ou distributeurs automatiques est très importante.

La page d'accueil du PARISIEN ne ressemble pas du tout à la version imprimée. Même le logo est différent et le signe ".com" est surdimensionné pour signaler le caractère moderniste du site. Les points des i forment une entité graduée avec le point de l'adresse.

Toute la mise en page se veut harmonieuse, mais possède cependant un air enfantin avec tous les différents fonds colorés et les arrondis. La barre de navigation horizontale est intégrée dans l'en-tête qui n'est guère utile pour la clarté de la page : car trop proche du bandeau publicitaire, elle se fait écraser par cette dernière. Puis les différents codes sémiotiques (formes, couleurs, symboles, texte) créent un bric-à-brac qui finit par paraître très lourd. On ne sait plus où cliquer. Enfin, elle est multipliée par deux (!) autres barres de navigation horizontale avec un autre système de liens hypertexte : tout en haut se trouvent trois accès (plan du site, qui sommes-nous, notre éthique), mélange entre un index et un ours. En tête de la colonne centrale du ventre se trouvent de nouveau trois accès : "Le journal en ligne", "Archives", et un appel à l'abonnement du PARISIEN (imprimé !), "Recevez le Parisien chez vous".

La barre de navigation verticale est, elle aussi, un pêle-mêle de signes et symboles avec des petites icônes dont le sens n'est guère compréhensible faute de taille suffisante. Et un troisième mode de navigation se cache bien sur la page : chaque sous-rubrique possède ses propres sous-sous-rubriques. Exemple : cinéma, théâtre, expositions, musées et monuments, concerts & spectacles, bars, restaurants & clubs pour "Sorties loisirs".

Enfin, LE PARISIEN utilise comme couleurs de base les trois couleurs nationales. Bien que le bleu soit trop clair et que l'appel soit donc moins évident, l'utilisation des signes nationaux est très typique pour les médias populaires (comme LE PARISIEN ou TF1 dont le logo reprend également ces couleurs) de même pour les médias conservateurs (comme LE FIGARO).

Au niveau du contenu, le site met en première ligne les actualités (dans l'exemple : l'intervention de soldats français en Côte d'Ivoire), le sport et l'événementiel (avec les sorties). On n'y trouve aucun sujet d'approfondissement ou d'analyse. Les articles que LE PARISIEN publie sous la rubrique "Les dossiers" ne sont que quelques assemblages de petits récits. Enfin, on remarque que le site n'est pas très bien suivi et manque d'actualité : sur la page d'accueil du 28 septembre, on parle encore des "Festivals de l'été" !

Fig. 8

Nouvelle page d'accueil du quotidien LE PARISIEN du 23 avril 2003

 

 

 

 

 

 

LE PARISIEN a également changé d'aspect peu avant l'impression de ce livre. Cela nous donne la possibilité de faire remarquer que les responsables du PARISIEN ont bien vu la nécessité de rénover leur offre. Malheureusement, cette rénovation ne concerne que la mise en page ; les arrondis et le caractère surchargé ont disparu. Mais il n'y a pas plus de contenu et les pages ne convainquent toujours pas.

Une nouvelle mise à jour, effectuée au cours de l'an 2004, a encore une fois renforcé l'aspect relativement sobre de la page. Les pictogrammes qui existaient encore dans la version de 2003 ont disparus. Les liens se trouvent maintenant dans une barre de navigation horizontale. Mais cette nouvelle mise en page n'est rien par rapport à la dernière qui symbolisait une réelle arrivée de la mise en page dans le standard.

Fig. 9

La page d'accueil du Parisien en 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La page d'accueil de BILD reprend les signes de la version imprimée : les couleurs, les grandes photos, les fonds et même la distribution des sujets et les typographies ressemblent à la version imprimée. S'il n'y avait pas de logo modifié (plus petit que l'original), on pourrait croire une page copiée.

Fig. 10

Page d'accueil du quotidien BILD

 

 

 

 

 

 

Malgré une première impression d'une page surchargée, on remarque au deuxième coup d'œil une meilleure structure que celle de l'exemplaire imprimé. Evidemment, ce caractère provient d'une barre de navigation verticale claire. Comme chacun sait, un clic sur les rubriques ouvre l'accès aux sous-rubriques. Un changement de couleur de fond et le triangle rouge signalent qu'on se trouve au second niveau. La barre de navigation horizontale sert de repère : lors de la navigation à l'intérieur du site, on sait à tout moment où se situer dans le plan du site (dans l'exemple évidemment sur la "Startseite", la page de démarrage). Un plan du site et un moteur de recherche ne sont pas nécessaires. Le ventre est également bien structuré : au milieu, les sujets d'actualité, et à droite, dans une colonne, les sujets et services complémentaires ou de prolongation avec une validité plus longue.

Fig. 11

Les modules du ventre de bild.de

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La surface au milieu est, elle aussi, partagée en deux parties, séparée par une barre de navigation horizontale supplémentaire avec des rubriques permanentes (Gehalts-Check = testez votre salaire, Wetter = la météo, Singles = célibataires, Shopping, Horoskop). Cette barre représente les services correspondants à la une du journal imprimé. La surface est composée de différentes zones qui peuvent être couvertes de modules préexistants. Le site utilise une trame qui permet le positionnement des différents modules en deux, trois ou quatre modules sur une, deux ou trois lignes.

Ainsi, on peut clairement montrer que la première impression de cette page s'avère fausse : elle n'est ni chaotique, ni désordonnée, mais elle repose sur un modèle d'organisation qui permet une production rapide et probablement semi-automatisée.

Les critiques concernent davantage les textes : si l'on n'utilise pas le site régulièrement ou si l'on n'est pas lecteur assidu du quotidien, on a parfois du mal à comprendre de quoi il s'agit ? : "Bye-bye Bayern Ballett !" : cette jolie allitération fait allusion à un match où les joueurs du Bayern de Munich ont perdu malgré leur jeu sophistiqué. Le titre principal, "Toppi schrumpft die weißen Riesen", utilise un diminutif pour l'entraîneur Klaus Toppmöller du Bayer Leverkusen qui venait de gagner contre le numéro un de la première division de l'époque et fait une nouvelle allusion aux joueurs bavarois en utilisant une métaphore connue en Allemagne par la publicité d'une lessive. Ces jeux de mots diminuent pourtant dès qu'il s'agit d'une nouvelle plus "classique". Prenons l'exemple de la fille retrouvée morte. Le sujet - plus grave et bien présent à l'époque dans la mémoire du lecteur - est annoncé avec un titre et un surtitre. Les deux suffisent déjà pour comprendre la découverte de la jeune fille retrouvée morte par la police, mais le texte donne encore quelques détails : l'espoir des parents, le lieu et la date du crime, l'âge de la victime. Ici, aucun jeu de mots, aucune forme diminutive - c'est un fait divers "normal" qui reçoit une seule petite nuance d'orientation avec l'expression "schreckliche Gewißheit" (= terrible certitude).

Le site de BILD est l'exemple idéal de la transposition d'une image de marque d'un journal imprimé à l'Internet. Il reprend les éléments significatifs de la version imprimée, utilise beaucoup d'images, propose les nouvelles du sport, du sexe et des crimes et emploie un langage imagé, simple, mais en même temps bien construit. Tout cela montre avec quel savoir-faire le site est conçu et réalisé. Parallèlement, le site est techniquement à la pointe et montre bien une organisation très étudiée de la page.

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Notes

(9) Les "empattements" sont un critère majeur de la différenciation des typographies. Il s'agit en effet des petits traits ou crochets en fin du trait d'un caractère. Ces traits, appelés en anglais "serif", créent la famille typographique des caractères avec et sans serifs, une sous-catégorie des typographies "Antiques" (cf. Seibold 1998 : 20s.)

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