La régression des valeurs du devoir et de l'obéissance (dans le sens d'une acceptation sans remise en question des institutions et des droits au pouvoir des uns sur les autres), alliée à l'essor des valeurs individualistes de l'épanouissement personnel, semble constituer dans les deux pays comme une sorte d'engouement général, le point central du changement des valeurs. Sous cet aspect, ceux-ci ne se distinguent guère de nombreuses autres sociétés postindustrielles.

Des deux côtés du Rhin, ces exigences quant à l'autonomie et à la réalisation de soi ont pour point de départ de larges penchants sociaux à l'individualisation et un processus à long terme d'uniformisation de la vie culturelle. Les premiers sont liés à un nivellement des situations sociales, qui s'effectue parallèlement à une multiplication des styles de vie. Le second, en revanche, a radicalement désenchanté nos conceptions du monde et a incité à une recherche plus terre à terre du sens de la vie, par exemple dans le cadre de la famille, dans l'engagement social et politique, ou bien dans le travail. Par conséquent, les exigences auxquelles se voient confrontées les institutions sociales augmentent également - aussi bien dans le monde professionnel qu'au sein de la famille, dans les milieux politiques ou associatifs.