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'L'interaction entre le centralisme et l'économie dans l'Histoire de la France'
 
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L'interaction entre le centralisme et l'économie dans l'Histoire de la France

Le développement et la structure centralisés de la France ont nécessairement conduit à l'étatisation globale de l'économie. Même si on assiste depuis quelques années à un certain retour du libéralisme, il convient de revenir sur le passé. En effet, dès le début des temps modernes, la Monarchie avait essayé de faire fonctionner l'économie à son profit. Colbert, le principal ministre de Louis XIV, voulait "rendre le royaume prospère, en faisant de chaque individu le docile exécutant de décisions économiques arrêtées rationnellement au sommet" (Peyrefitte 1976, p. 107).

Fig. 6

Les ports français sur l'Atlantique au début du 17ème siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source: Pletsch, 2003, p. 135

La Monarchie s'était aussi efforcée de développer l'économie et de favoriser l'esprit d'entreprise en accordant le qualificatif (et donc le statut) de royal aux ports, voies navigables et manufactures. Cette conception est diamétralement opposée au Laisser faire pratiqué par l'Etat en Angleterre ou aux Pays-Bas. Aucune élite économiquement active ne pouvait apparaître dans ces villes sous tutelle du pouvoir central, contrairement à ce qui se passait par exemple en Italie. L'Etat contrôlait aussi les ressources minières et les corporations. Ce développement en marge du mercantilisme explique le penchant observé en France jusqu'à nos jours pour le protectionnisme.

Fig. 7

Villeneuvette, ancienne manufacture royale près de
Clermont l'Hérault (Languedoc)

 

 

Source Internet [1]

Ce processus historique est largement responsable du caractère tardif et ponctuellement localisé de l'industrialisation en France. Le contrôle de l'économie par l'Etat s'est renforcé après la Seconde guerre mondiale, et même plus récemment par la conviction que la reconstruction et la croissance économique exigeaient un certain dirigisme. En même temps que se mettait en place cette "économie semi-planifiée", les pouvoirs publics décidaient d'intervenir dans l'économie de marché de manière plus accusée que dans les autres Etats capitalistes. Le colbertisme [2] ressurgissait ainsi à travers les deux vagues de nationalisation de 1946 et 1982. L'Etat devenait à la fois le plus gros client et le plus gros fournisseur du secteur privé. Ainsi, jusqu'à une époque récente, aucun domaine d'activité n'était étranger au secteur public (Chevallier, 1979, p. 8). Il est significatif que ce fut le cas pour les secteurs clés de l'économie, porteurs de croissance, mais pas pour les secteurs en crise.