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'Fédéralisme et autodétermination régionale'
 
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Fédéralisme et autodétermination régionale

Il est remarquable de noter que cette fracture du paysage politique du Land de Sarre issue de la bataille électorale sur le référendum n'empêcha pas le passage assez rapide à une coopération politique dans les années qui suivirent. Dès 1956, tous les partis acceptèrent le résultat du référendum comme mission et base de leur politique. Auparavant déjà, les anciennes positions sur la question du référendum n'avaient pas servi d'accès au système politique. Chez les chrétiens-démocrates, en particulier, le rassemblement définitif des partis autour de leurs orientations essentielles prit quelque temps, mais la mise en oeuvre commune, au niveau politique régional, du processus de réunification avec la RFA n'en fut pratiquement pas affectée.

Tout aussi remarquable après 1955 est le fait que la revendication de l'autodétermination régionale, plus fortement rattachée encore à la question de la Sarre depuis 1945, n'a rien perdu de sa force, malgré l'échec complet de l'État de Sarre en partie indépendant. L'autonomie de la Sarre n'a été mise à disposition par aucun des acteurs de la bataille électorale de 1955. Bien au contraire, la structure étatique de la Sarre s'est maintenue sous forme de Bundesland, après l'intégration dans la RFA.

Fig. 25

Numéro spécial sur la question du fédéralisme

"Depuis 1976, la constitution dispose en matière de réorganisation que: "Le territoire de la RFA peut être réorganisé de telle sorte que les Länder allemands soient à même de remplir efficacement les tâches qui leur incombent, selon leur taille et leurs moyens. Il convient ce faisant de tenir compte de l'attachement à une région donnée, des contextes historiques et culturels, des adéquations économiques, ainsi que des nécessités de l'aménagement du territoire". (article 29, paragraphe 1 de la Loi fondamentale)

Source Internet [1]

A côté de quelques débats menés la plupart du temps sans grande passion sur une réorganisation générale des Länder [2] au sein de la RFA, l'idée d'une autodétermination régionale s'est maintenue bien au-delà de la question de la Sarre, dont elle est issue à l'origine. Ceci est sans doute imputable au fait que l'autonomie étatique instaurée en 1919/20 s'avéra être fonctionnelle, en dépit de toutes les critiques - et abstraction faite d'une persistance de certaines structures administratives -, dans le sens d'un règlement de la problématique au niveau politique régional, en particulier pendant la période suivant la Seconde Guerre mondiale. Vient s'y ajouter la projection, datant déjà des années 20, de l'idée de patrie sur la Sarre vue comme entité territoriale recouvrant l'ancienne fragmentation administrative, politique et économique. Cette idée fut à nouveau reprise après la Seconde Guerre mondiale, tout d'abord dans le but de légitimer la création de nouvelles frontières administratives à l'Est. Bientôt, l'idée de patrie assuma aussi en Sarre une fonction de décharge caractéristique de l'histoire allemande d'après-guerre, dans le contexte du débat sur les crimes commis par les Nazis: la "patrie sarroise" représentait le pôle positif dont on avait tant besoin pour faire contrepoids au pôle négatif de l'État centralisé criminel du Troisième Reich. Durant la crise économique suivant l'intégration de la Sarre dans la RFA, la structure étatique du Land contribua considérablement à compenser les conflits d'ordre économique entre le centre et la périphérie, et constitua ainsi - tout comme la structure fédérale de la RFA en général - une base essentielle de l'intégration socio-politique dans l'État ouest-allemand.