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'Conflits économiques'
 
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Conflits économiques

Les conflits économiques portant sur la Sarre causèrent tout d'abord de sérieuses tensions au niveau régional: l'afflux de capital français, mais aussi la prise de contrôle des mines d'État par les Mines Domaniales de la Sarre provoquèrent des réactions de résistance et de confrontation qui s'aggravèrent jusqu'à déboucher sur une grève de 100 jours déclenchée par les mineurs en février 1923, dont l'écho public dépassa les frontières de la Sarre. La séparation du territoire sarrois eut par contre un impact économique ambivalent: bien qu'ait été fixée une période transitoire de cinq ans basée sur la franchise douanière pour le trafic des marchandises venant de l'Est ou transitant vers l'Est, les contrôles de réception des marchandises entraînèrent de considérables coûts pour les entreprises sarroises; en même temps, on ne parvint pas à créer à l'Ouest suffisamment de nouveaux secteurs de vente pour les produits sarrois, avant que l'intégration complète de la Sarre dans l'espace économique français, prévue pour 1925, ne soit réalisée. D'un autre côté, l'introduction anticipée de la monnaie française en Sarre eut un impact plutôt positif, par rapport à la grave inflation du Reichsmark [1]  qui sévit durant la première moitié des années vingt; en outre, la séparation de la Sarre de l'Allemagne favorisa la fondation d'entreprises  [2] de l'industrie de transformation et du secteur des biens de consommation, aspect également positif du point de vue de la politique structurelle.

Fig. 7

Développement du charbonnage en Sarre et dans les bassins miniers voisins durant l'entre-deux-guerres

Cf.: Fritz Hellwig, Saar zwischen Ost und West. Die wirtschaftliche Verflechtung des Saarindustriebezirks mit seinen Nachbargebieten, Bonn 1954 (= Veröffentlichungen des Instituts für geschichtliche Landeskunde der Rheinlande der Universität Bonn)

On estimait cependant généralement que le développement de l'industrie lourde était considérablement entravé - en particulier par rapport aux bassins miniers voisins. Au milieu des années vingt, les initiatives visant le règlement des problèmes économiques à l'échelle internationale ne furent que partiellement couronnées de succès. A l'issue de longues négociations diplomatiques, un certain nombre de réglementations spéciales destinées à réduire les problèmes résultant de l'intégration économique de la Sarre dans l'espace français furent certes adoptées. Mais les contingents prévus pour les produits d'importation et d'exportation exempts de droits de douanes ou bénéficiant de droits de douanes réduits n'étaient en rien suffisants et ne firent qu'alourdir la bureaucratie en matière de trafic des marchandises. Ce sont précisément ces insuffisances qui firent naître un sentiment d'insécurité quant à l'avenir du statu quo.

Fig. 8

Affiche de la bataille électorale de 1935 sur le statu quo 
Cf.: Gerhard Paul et Ralph Schock, Saargeschichte im Plakat 1918-1957, Saarbrücken 1987.

 

 

 

 

 

 

Le 13 janvier 1935, les Sarrois furent appelés à opter par référendum pour le maintien du statu quo, pour le rattachement à l'Allemagne, ou pour le rattachement à la France. Ils s'exprimèrent à plus de 90 % en faveur du rattachement à l'Allemagne. Dans une perspective internationale, le résultat de ce référendum peut être vu comme l'un des premiers grands succès du régime nazi en matière de politique étrangère. Du point de vue du conflit territorial opposant l'Allemagne et la France en Sarre, ce même résultat représente une défaite totale de la France. Au niveau du conflit régional portant sur la question de la Sarre, le référendum marque la victoire des mouvances prônant l'intégration de la Sarre dans l'Allemagne. En dépit de l'âpreté de la bataille électorale, le rattachement de la Sarre s'opéra sur le parquet diplomatique, de façon plutôt neutre et détachée. Dès décembre 1934, les représentants de l'Allemagne et de la France se mirent d'accord sur les modalités financières, économiques et monétaires de ce rattachement, à savoir le versement de 900 millions de Francs à la France, l'engagement de fournir du charbon de la Sarre sur une période de cinq ans, et les conditions de conversion des monnaies. L'intégration de la Sarre dans le Gau Westmark (Province de la Marche de l'Ouest) semblait ainsi sonner le glas de l'autonomie de ce territoire.