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'Les plans européens allemands au début de l'ère moderne'
 
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Les plans européens allemands au début de l'ère moderne

Dans le Saint Empire romain germanique, l'opinion que l'empereur aurait pour mission de protéger la chrétienté (européenne) et en serait le véritable souverain était au XVIème siècle encore largement répandue. C'est l'une des raisons pour lesquelles la carte de l'Europe de forme féminine, symbole de la République Chrétienne, était si populaire dans l'Empire.

Carte de l'Europe de forme féminine

tirée de la Cosmographie de Sebastian Münster (1488-1552)

Source Internet [1]

Cette symbolisation peut être considérée comme la contribution la plus originale apportée par l'Empire aux conceptions de l'Europe. Certains célèbres humanistes non allemands, mais se mettant du côté de l'Empire ou adoptant l'optique de l'Empire, reprirent, comme le médecin espagnol Andrés de Laguna [2] , la représentation de Dame Europe comme symbole de la République Chrétienne, ou développèrent, comme Erasmus von Rotterdam [3] , une idée de paix déjà proche de la conception d'une Europe des nations. Erasmus s'opposait au malheureux principe de la combinaison entre politique matrimoniale et guerre et plaidait en faveur d'une détermination ferme des frontières étatiques. Il s'en suivrait la paix, et avec elle la prospérité économique. Le dividende de la paix - expression cependant moderne - compenserait le renoncement à l'agrandissement du territoire.

Bien que l'idée d'une chrétienté (européenne) dirigée par l'Empereur n'ait déjà au XVIème siècle plus été très réaliste, mais certes encore utile pour la propagande, elle ne fut presque entièrement abandonnée qu'après le Traité de Westphalie. Puis un tournant dans les conceptions allemandes de l'Europe s'amorça, ces dernières devinrent de plus en plus empreintes d'un fort scepticisme vis-à-vis de l'Europe. Pendant un certain temps, le plan de paix de l'Abbé de Saint-Pierre [4] , plan énergiquement rejeté entre autres par Leibniz [5] fut au centre du débat. Eobald Tozen [6] a clairement exposé le scepticisme envers l'Europe dans son anthologie des plans européens publiée en 1752. Tozen pensait que les Etats ne seraient pas prêts à abandonner un tant soit peu de leur souveraineté - ce qui serait la condition sine qua non de tout plan concernant l'unification de l'Europe.

L'Europe centrale vers 1786

 

 

 

 

Source Internet [7]

 

Du fait des guerres à l'époque de la révolution française, l'idée de paix perpétuelle connut une renaissance. En 1795 Kant publia son ouvrage "de la paix perpétuelle" dans le contexte de la Paix de Bâle [8] entre la France et la Prusse (avril 1795). Le plan de Kant ne se limitait pas à l'Europe, mais concernait le monde entier. Kant postulait l'Etat de Droit au sein des Etats sans lequel il ne pourrait y avoir de paix internationale. Il considérait les Droits de l'Homme comme la base de l'Etat de Droit. Le fait de relier l'idée d'une confédération des nations (dans le sens de Kant) avec comme base une communauté de normes et de valeurs (Etat de Droit et Droits Fondamentaux) a eu des conséquences jusqu'au XXème siècle: fondation de la Société des Nations (SDN) [9] en 1920 et de l'Organisation des Nations unies (ONU) [10] en 1945. En Allemagne l'ouvrage de Kant fut suivi d'une très large discussion sur la "paix perpétuelle", mais cette discussion fut dépassée par les guerres de l'ère napoléonienne.